Au bout de 4 ans et demi d’existence, Houraillis prend fin, ceci est un adieu. Les cartons sont faits, vient l’heure des bilans et de la transmission.

 

Au moment de la création d’Houraillis en septembre 2015, nous venions tout juste de terminer nos études et il n’existait pas de lieu sur Rennes pour répondre au besoin immédiat d’expérimentation de la jeune création en spectacle vivant. Fortes des rencontres faites, des échanges avec lieux, structures, institutions et compagnies, nous avons eu l’immense chance d’avoir été choisies pour investir la Ferme de Quincé en juin 2016. Nos valises étaient vides, mais nos têtes remplies d’envies, de désirs. Nous avions alors 3 ans pour créer un lieu éphémère de création.

 

La grange était à l’époque à l’état brut : un sol en terre, une caravane en hivernage, de nombreuses bricoles, dernières traces visibles du passé agricole du lieu. Nous avons alors fait appel à nos proches, jeunes artistes en devenir, pour vider, nettoyer l’espace mais aussi construire. Nos connaissances en bricolage étaient sommaires, mais suite à la mise en réseau avec de jeunes architectes et constructeur.rices, nous avons appris : un plancher de 60m2 a vu le jour, une cabine de toilette sèche, puis un équipement lumière et son.

Nous étions alors prêt.es.

Durant toutes ces années, Houraillis a pu accueillir gratuitement plus de 80 résidences.

Alors certes, le lieu restait précaire, le plateau était mis à disposition sans budget alloué, l’hiver il y faisait froid et l’été il y faisait chaud. Mais ce plancher a été témoin de premières expérimentations, témoin de grandes joies, mais aussi de grands doutes, de grandes remises en question et de désaccords. Certains lendemains, nos chaussures collaient au parquet et il s’y faisait sentir encore la sueur moite de la veille.
Mais pendant toutes ces années, ce lieu n’a jamais cessé d’être vivant et de re-questionner la création.

Une chose nous paraissait alors complémentaire : créer un temps fort en ville afin de rendre visible la jeune création. Nous avons alors créé VACARME, festival pluridisciplinaire faisant dialoguer durant trois éditions : arts vivants, musique, arts visuels et cinéma. Cet événement avait pour but de nous faire sortir des espaces classiques de représentation, de diffusion car ces jeunes artistes ont l’habitude, par force des choses, de créer dans des lieux non dédiés: parking (Espace Des 2 Rives - Rennes Pôle Association), ancienne usine (Les Ateliers du Vent), ancienne fac dentaire (L'Hôtel Pasteur). Ces trois rendez-vous ont été l’occasion de faire se rencontrer les artistes au travers de leur arme principale : la création.

La ville de Rennes a toujours soutenu de manière croissante ces éditions en reconnaissant le manque de visibilité de ces jeunes équipes et entame aujourd’hui un vrai dialogue autour de cette question.

Mais aujourd’hui, nous, fondatrices de l’association, bénévoles depuis le début, sommes essoufflées. Toutes trois, ayant mis entre parenthèse bon nombre de choses depuis cette création, avons besoin de se consacrer à des projets plus personnels. Ce n’est non sans tristesse et sans nostalgie que nous Alice, Jade et Delphine nous retirons de l’association et rendons les clefs de la grange sous peu. Mais il est bon de savoir qu’une relève existe: DETER est un collectif d’artistes rennai.ses de théâtre prenant la suite d’Houraillis. Iels souhaitent devenir un interlocuteur pour la création des politiques culturelles concernant le théâtre sur le territoire et sont déterminé.es plus que jamais à trouver d’autres lieux de création à Rennes.

L'actualité brûlante nous fait dire qu’il est plus que jamais aujourd’hui nécessaire et vital pour la création que d’autres espaces similaires existent et soient subventionnés.

Nous tenons à remercier toutes les personnes, compagnies et structures qui ont fait que cette association a pu exister.

Houraillis est mort, vive DETER.

Rennes, 8 mai 2020
Alice Laurent, Jade Bechtel et Delphine Battour.